Université McGill

 

Laurie Hendren (13 décembre 1958 - 27 mai 2019) a été professeure à l'École d'informatique de McGill pendant 30 ans. Elle était un chef de file mondial dans le domaine des langages de programmation et des compilateurs. Ses travaux dans ce domaine ont eu une telle influence que, en plus de recevoir le prix Dahl-Nygaard 2019 pour ses contributions fondamentales à l'analyse de programmes de langages de programmation procéduraux, orientés objet et orientés aspect, elle a été choisie pour faire partie des 54 femmes de tous les âges qui figurent dans le jeu de cartes Notable Women in Computer Science (Femmes remarquables en informatique).

Le professeur Hendren a apporté d'importantes contributions au mouvement des logiciels libres. Une grande partie de son travail a consisté à construire et à maintenir des cadres extensibles qui ont été mis gratuitement à la disposition de la communauté. Elle est surtout connue pour le cadre SOOT qu'elle a créé en 1998. C'était une période passionnante pour la communauté des langages de programmation, car Java, qui est aujourd'hui le langage de programmation le plus utilisé, avait été introduit en 1996. Java présente un avantage substantiel par rapport aux langages traditionnels dans la mesure où le compilateur fonctionne en tandem avec l'exécution du programme, recompilant continuellement pour s'adapter aux changements de l'environnement d'exécution. Cependant, dans les premières années de Java, les compilateurs Java n'en étaient qu'à leurs balbutiements et les programmes Java s'exécutaient des centaines de fois plus lentement que leurs équivalents en C. Le professeur Hendren a développé SOOT en tant que cadre logiciel pour la recherche de techniques permettant de raisonner sur les programmes Java afin de prédire leur comportement pendant l'exécution et de les optimiser pour qu'ils s'exécutent plus rapidement. Plus d'une centaine de groupes de recherche dans le monde utilisent aujourd'hui SOOT pour faire la même chose. C'est l'un des principaux outils d'analyse et de transformation des programmes Java.

SOOT n'est que l'une des nombreuses infrastructures open source durables créées par le professeur Hendren. Sa dernière contribution dans ce domaine, McLab, était une alternative open source à MATLAB, largement utilisé.

Les contributions du professeur Hendren ne se sont pas limitées à ces cadres. Elle a également apporté d'importantes contributions à l'analyse de programmes elle-même, notamment en ce qui concerne l'analyse des pointeurs.

L'une de ses principales contributions a été de souligner l'importance de faire la distinction entre les pointeurs qui pointent toujours vers le même objet et les pointeurs qui pourraient pointer vers le même objet, mais pas nécessairement.

Son dernier projet, OPAL, était un portail pour les patients qui permettait aux patients atteints de cancer d'accéder à leur dossier médical, d'obtenir des informations sur leur maladie et de communiquer avec leurs fournisseurs de soins de santé. OPAL a reçu un prix d'excellence du gouvernement du Québec.

Pour nombre de ses projets, elle a mobilisé et formé une armée d'étudiants pour travailler avec elle. Une grande partie de la communauté des compilateurs au Canada, active en 2020, a été formée par le professeur Hendren. Elle avait une capacité particulière à motiver et à mobiliser un groupe d'étudiants autour d'un objectif commun. Elle a reçu le prix Leo Yaffe pour l'excellence de son enseignement de l'Université McGill en reconnaissance de ses capacités.